Prise de parole collective de Ripostes Urbaines pour des halles ouvertes, non marchandes et populaires à la Jonction.
« Ça fait maintenant deux mois et demi que les anciennes Halles tpg où on se trouve ont été fermées au public sur ordre de la Ville de Genève. Deux mois et demi que les activités associatives et sportives ont cessé ; deux mois et demi que les soupes gratuites et les moments de partage sont empêchés.
Et vous savez pourquoi ?
Parce que la Ville de Genève ne prête qu’aux riches. Elle a décidé de louer la quasi-totalité de cet espace en plein cœur de la Jonction à une entreprise privée : le Baroque. Il y avait pourtant la possibilité de favoriser une logique de quartier. C’est ce que proposaient plusieurs associations qui font vivre la Jonction. Ces associations se mobilisent depuis des années pour la vie du quartier et pour s’assurer que la Jonction reste un lieu public, ouvert à touxtes ! Elles ont mis en place des activités pour les familles, des jardins, des espaces pour les habitant.e.x.s.
Dans l’appel à projet de la Ville, deux logiques s’affrontaient. Il y avait un choix à faire entre une réalité non-marchande concrétisée par les associations, et une logique de la thune.
Et qu’est-ce qu’a choisi la Ville de Genève ?
Evidemment, la logique du fric ! Et c’est donc le Baroque qui est chargé, selon les mots de Barbey-Chappuis, maire de Genève du parti du Centre, de “proposer un lieu pour tous les habitants, dans l’esprit de la Jonction” ? le Baroque et son projet de champ de food trucks de riches ? Le Baroque, c’est une société anonyme qui possède cinq bars-restaurants pour banquiers et bourgeois. En 2013, on y proposait une bouteille de champagne à 80’000 francs. Pour ce monument de cynisme, merci qui ? Merci Barbey-Chappuis ! Merci le pseudo “Centre” ! Au “Centre” de quoi d’ailleurs ? Au “Centre” du mépris de la population ?
Qu’est-ce que ça veut dire le Baroque à la Pointe ?
Ça veut dire un arrêt des activités associatives tout l’hiver, calquées sur la période de rentabilité des food trucks. Ça veut dire plus d’entreprises de sécurité pour emmerder celleux qui profitent des berges du Rhône. Ça veut dire que la Ville privatise un espace qui était libre et gratuit, en l’entourant de barrières. Le Baroque à la Pointe, c’est une gentrification [1] explicite du quartier. Cet espace va devenir un lieu marchand, qui exclut les habitant.e.x.s de la Jonction, à qui il devrait pourtant appartenir ! Et à leur place, il y aura le Baroque et son armée de food trucks !
Qu’est-ce que nous voulons ?
- On veut des Halles ouvertes, sans grilles et sans entreprises de sécurité, sans horaires ni période d’ouvertures annuelles calquées sur des intérêts capitalistes.
- On veut des Halles non-marchandes : pour que les rares espaces qui pourraient échapper à la logique du fric soient des lieux d’échange et de construction d’autres façons de penser et de vivre.
- On veut des Halles populaires : parce que les habitant.e.x.s de la Jonction se battent pour ce quartier qui leur est arraché pour être vendu au plus offrant. Chaque Baroque qui se construit c’est un peu de notre vie de quartier qui meurt.
Et comment on va avoir ce qu’on veut ?
Comme toujours, il va falloir lutter. Il a fallu lutter contre la destruction des Grottes, se battre pour un parc aux Acacias, se mobiliser pour un parc à la Jonction !! Il faudra lutter contre le Baroque à la Pointe. Chaque espace de cette ville qui est arraché aux logiques capitalistes est une victoire des quartiers contre les promoteurs, une victoire des habitant.e.x.s contre les autorités et leurs logiques urbaines destructrices, une victoire des associations populaires contre les entreprises mortifères.
La ville nous dit que ce qui compte, c’est “la solidité financière des projets”. Mais ce critère capitaliste ne sort pas de nulle part. Il permet d’évacuer d’office tout projet qui ne correspond pas à leur vision de ce que devrait être notre quartier. Il permet de laisser sur le carreau toutes les associations qui se battent pour un espace qui échappe à la logique du profit et de la rentabilité. Nous nous opposons à ce que la Baroque, soutenu par la Ville, implique comme rapport social, comme vision des quartiers, comme projet de société !
Pour une ville qui appartient aux personnes qui y vivent !
Pour une ville sans loyers qui enrichissent les propriétaires !
Pour une ville sans capitalistes qui détruisent les vies de quartier !
Pour une ville sans personne qui dort dans la rue, sans précarité et sans violence étatique.
Pour une riposte urbaine généralisée. »
Ripostes urbaines
[1] gentrification : Processus de transformation d’un quartier qui a comme conséquence de chasser les habitant.e.x.s historiques (souvent les classes populaires) en les remplaçant par une population plus aisée.